Le secteur appelé aujourd’hui Recoleta commence à prendre forme à la fin du XVIIIe siècle, avec la division de ses terres en parcelles et la construction de grandes propriétés (quintas). A l’époque de la fondation de Buenos Aires (1580), ces parcelles étaient appelées "suertes" (chances), et l’un de ses premiers propriétaires fut Juan de Garay, Fondateur de la ville de Buenos Aires.
Recoleta doit son nom au couvent des Récollets ("
Convento de Recoletos Descalzos"), membres de l’ordre des Franciscains, accueillis par le premier maire du secteur, Rodrigo Ortiz de Zárate.
A la construction du couvent, un commerçant Aragonais, nommé Narbona, s’intéressa au projet et voulut faire bâtir aussi une église. Ayant réussi pour cela à se faire offrir des terres, il construisit d’abord une grande maison qui, d’après certains témoignages, disposait de tunnels souterrains débouchant sur la côte du
Rio de la Plata, ce qui lui permettait d’introduire des marchandises de contrebande et de faire fortune. Un refrain de l’époque disait : "Narbona hizo a la Recoleta y la Recoleta hizo a Narbona"
(Narbona a fait la Recoleta et la Recoleta a fait Narbona). Originaire d’Aragon, Narbona dédia cette église à la Vierge du Pilar, sainte patronne de la ville de Saragosse. Le
cimetière de Recoleta commença également a prendre forme avec l’
église du Pilar.
Les grandes propriétés situées aux alentours du Couvent appartenaient à de riches familles ; elles étaient souvent composées d’une maison principale, basse et spacieuse, dont l’entrée était marquée par des
colonnes recouvertes de plantes de jasmin ou de rosiers, de pavillons dont certains étaient destinés aux péons, et des jardins qui faisaient toute la fierté de leurs propriétaires.
Buenos Aires s’est toujours distinguée par la grande variété d’arbres dont elle recèle et
Recoleta en est un bon exemple, avec des arbres âgés de plus de 200 ans, comme par exemple les deux gommiers situés devant la
Iglesia del Pilar. On peut d’ailleurs aujourd’hui apprécier ces deux arbres dans toute leur splendeur, au carrefour des rues
Quintana et
Presidente. R. M. Ortiz depuis le fameux
café de la Biela.
En raison de la croissance de l’édification, et suite à l’apparition d’un abattoir de moutons et d’un saloir, les environs se peuplèrent de petites fermes et d’une classe populaire, se réunissant à leurs heures perdues dans les
pulperías (tavernes), se dédiant à la boisson, aux jeux, et à la musique. Ces tavernes servaient parfois aux bandits et malfrats de lieu de concertation d’un délit prévu dans le secteur, qui leur offrait tous les atouts pour fuir et s’abriter : l’obscurité, les tunnels, les profonds caniveaux. Dès la tombée de la nuit, plus personne ne s’aventurait par ces chemins, sauf en cas d’extrême nécessité, par peur de subir une attaque.
En 1871, une épidémie de fièvre jaune toucha
Buenos Aires. La population se déplaça afin de fuir la maladie : les classes aisées qui vivaient dans le sud de la ville (à
San Telmo,
Monserrat,
La Boca,
Barracas)
s’installèrent plus au nord, dans les secteurs de
Recoleta et
Retiro, où les terrains surélevés réduisaient la présence des insectes transmetteurs de la maladie. Les classes populaires migrèrent vers le sud et occupèrent les résidences abandonnées par les plus aisés.
Le quartier de
Recoleta grandît peu à peu, avec la construction de grandes maisons, petits palais, édifices au style français, et la création par le D
r. Alvear, alors intendant de la ville, des rues et avenues principales. En raison des mendiants qui occupaient encore le secteur, un asile fut crée, à l’endroit où aujourd’hui est situé le
Centre Culturel Recoleta. Le style architectural français du secteur fit parler de Buenos Aires comme étant "le petit Paris d’Amérique du Sud".
Il y a plusieurs secteurs dans le quartier de
Recoleta : en général, les porteños appellent "
Recoleta" le secteur localisé entre les avenues
Las Heras et
del Libertador, que nous appellerons
Recoleta Centre ;
Barrio Norte (dont l’axe principal est l’
avenue Santa Fé) recouvre la plus grande partie du quartier ;
Facultades (ou
Facultad) est un autre petit secteur situé au sud du quartier, plus exactement aux alentours de la
Faculté de Médecine. Au nord de
Recoleta, de l’autre coté des voies ferrées, on trouve l’une des plus vaste "
villas miserias" (bidon ville) de la capitale : la
"Villa 31 bis", bien qu’ apparemment la Législation de
Buenos Aires ait approuvé le changement des limites du quartier, pour que finalement la
Villa 31 et
Villa 31 bis n’appartiennent plus qu’au quartier de
Retiro, quartier voisin de
Recoleta.